HISTORIQUE

SNC

Porté sur les fonts baptismaux en 1983, la Semaine nationale de la culture (SNC) témoigne de la volonté de l’Etat burkinabè de placer la culture au centre des enjeux du développement. Retour sur l’histoire de cette biennale culturelle qui, en 27 ans d’existence, a révélé de nombreux talents artistiques, contribuant ainsi au rayonnement du Burkina Faso.

Tel un bébé applaudi par le cercle de famille, la SNC est venue au monde un jour de l’année 1983, au tout début de la Révolution, au bonheur des autorités burkinabè qui ont œuvré à l’accouchement. Instituée donc au tout début de la Révolution de feu le capitaine Thomas Sankara, la manifestation qui vise essentiellement la promotion de la culture burkinabè dans toute sa diversité, fait son petit bonhomme de chemin. Dans cette dynamique, l’on se retrouve cette année 2010, à la 15e édition de la SNC qui se tient du 27 novembre au 4 décembre, sous le thème : « Culture et traditions ».

Avant d’avoir résisté au temps et vieilli un peu, l’événement culturel a connu des hauts et des bas, tout comme un individu à la recherche de ses marques. Tenue à Ouagadougou, dans une effervescence certaine, du 20 au 30 décembre 1983, l’édition-pilote avait regroupé 2000 artistes tant au volet festival qu’en compétitions dans les arts du spectacle, les arts plastiques et la littérature. Dès lors, la manifestation avait suscité de l’engouement auprès des populations et des artistes, se positionnant ainsi comme un rendez-vous culturel avec lequel, il faudrait désormais compter.

Un an plus tard, soit en décembre 1984, va intervenir la seconde édition de la SNC, avec cette fois-ci comme ville hôte, Gaoua. « La Cité du Bafoudji » deviendra en l’espace d’une semaine, un carrefour culturel. Cette 2e édition, placée sous le signe de la réalisation d’infrastructures et du désenclavement, a contribué à changer un tant soit peu la physionomie de la capitale de la région du Sud-Ouest.

En effet, une salle de spectacles et des infrastructures d’accueil ont été construites, sans oublier l’ouverture de routes, la construction d’un aérodrome et la création d’une radio régionale. En 1985, la SNC a connu une pause, étant donné que les autorités voulaient lui donner une nouvelle orientation. C’est en cela qu’au cours de ladite année, un séminaire national a eu lieu à Matourkou, à quelques encablures de Bobo-Dioulasso, sous la responsabilité du Secrétaire permanent (SP) de la SNC d’alors, Prosper Kompaoré. Les participants à cette rencontre s’étaient penchés sur la périodicité de la manifestation et son contenu artistique.

Au terme des réflexions, des résolutions ont été prises. Il s’agit notamment de la tenue de la manifestation les années paires et de manière tournante, de la redéfinition des disciplines en compétition et de la recherche des stratégies de valorisation du volet festival. Du reste, c’est à la lumière de ce séminaire que la 3e édition de la SNC s’est déroulée en 1986 à Bobo-Dioulasso où elle a connu un succès avec l’« inoubliable » carnaval de plus de 500 masques.


Des stands partis en fumée en 2002

Des groupes célèbres tel le « Théâtre Daniel Sorano » de Dakar avaient également marqué la SNC 86 d’une pierre blanche par leur participation. La SNC va devenir alors une biennale. La 4e édition se tient simultanément dans deux villes, Koudougou et Réo, avant de marquer son retour en 1990, à Bobo-Dioulasso où elle va se sédentariser jusqu’à nos jours.

De fil en aiguille, la SNC va prendre une envergure institutionnelle avec la construction dans la ville hôte, de son siège qui sera inauguré en 2000, lors de la 10e édition. C’est également l’année à laquelle l’actuel SP de la SNC, Bitchibali Dansa a été nommé à son poste, qu’il cumule depuis 2008 avec celui de directeur régional de la Culture, du Tourisme et de la Communication des Hauts-Bassins. Si jusque-là, la manifestation s’est toujours déroulée sans couacs, ce ne sera pas le cas en 2002, à la 12e édition.

La veille, une foire commerciale, introduite pour la première fois, va connaître des imprévus. Un incendie, provoqué par un court-circuit dû à des branchements électriques « pirates », a ravagé 46 stands d’exposition de textile et de produits de la pharmacopée traditionnelle. Le sinistre avait occasionné la perte de plusieurs millions de F CFA. Hormis ce cas malheureux, la SNC 2002 à laquelle le célèbre groupe ivoirien « Magic System » avait pris part, a été celle des innovations majeures. Parmi celles-ci figurent l’institution du principe de parrainage, l’organisation d’un carnaval géant à l’ouverture officielle et la création de plateaux Off.

Et au sujet du parrainage, retenons que le premier parrain de l’histoire de la biennale est Adama Fofana, alors conseiller spécial du président du Faso et ancien ministre chargé des Relations avec le Parlement. Suite à cela, il y a eu les éditions de 2004, 2006, 2008 jusqu’à celle de 2010 dont les portes s’ouvriront dans quelques jours. D’édition en édition, la SNC s’est donc construite, s’imposant maintenant comme l’une des manifestations culturelles qui fait la renommée du pays des hommes intègres.

Et ce succès, la SNC le doit avant tout à son contenu riche de plusieurs activités. L’on peut noter la foire commerciale, les spectacles du Grand prix national des arts et des lettres (GPNAL), que le président du Faso, Blaise Compaoré, soutient à travers l’octroi d’un prix, les compétitions en art culinaire, en littérature, en arts plastiques et en sport (lutte et tir à l’arc). A cela s’ajoutent entre autres, des conférences publiques, des plateaux Off et le village des communautés étrangères. Des activités qui, comme l’a démontré l’expérience, permettent aux Burkinabè de vivre pleinement leur culture, tous les deux ans.

Kader Patrick KARANTAO

Source : site internet SNC


Les hommes de la SNC

Au fil des éditions, la SNC a été dirigée par plusieurs personnalités. Le premier patron de la biennale culturelle est Prosper Kompaoré, actuellement enseignant à l’Université de Ouagadougou et directeur de l’Atelier théâtre burkinabè (ATB). Celui-ci a organisé la manifestation de sa première édition (1983) jusqu’en 1988. Ce fut ensuite au tour de l’écrivain Jacques Prosper Bazié de piloter la SNC en 1990. Deux ans plus tard soit en 1992, Désiré Conombo prenait le relais pour céder sa place plus tard à Désiré Ouédraogo qui organisera l’édition de 1994 de la SNC.

En 1996, la biennale de la culture a été tenue sous la responsabilité d’une autre personne, en l’occurrence Dionou Founawé. S’ensuivra l’arrivée à la tête de la SNC du secrétaire permanent (SP), l’universitaire Salaka Sanou qui va conduire les éditions 1998 et 2000 à bon port. En fin octobre 2000, c’est Bitchibali Dansa qui sera nommé comme SP, succédant ainsi à Salaka Sanou. Et depuis 2008, M. Dansa cumule cette responsabilité avec celle de directeur régional de la Culture, du Tourisme et de la Communication des Hauts-Bassins.

K.P.K

Sidwaya